Son histoire

L’histoire d’une commune sans histoire !

 On sait peu de choses sur l’histoire de la commune de St-Michel-de-St-Geoirs. Aucun ouvrage, aucune documentation ni aucune illustration des siècles passés ne sont parvenu jusqu’à nous.


Détail de la carte de Cassini de 1765. Le nom de « St-Michel de la Faim » y est à l’époque mentionné.

Détail de la La carte d‘État-Major de 1843

 Chronique

 

L’histoire de ce petit village du Dauphiné a été longtemps dépendante des bourgs voisins, d’abord Saint-Geoirs puis Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs. Cette dernière fut à plusieurs reprises l’objet de convoitises entre grands seigneurs locaux.

 

Au XIIe siècle, Saint-Geoirs est un mandement (circonscription territoriale) qui regroupe les villages de Saint-Geoirs, Saint-Etienne, Sillans, Izeaux, Plan, Quincieux et Saint-Michel.

 

À cette époque du Moyen Âge, on vit s’élever une multitude de châteaux fort dans la région. Hormis celui de Bressieux, dont il reste encore des ruines majestueuses en briques roses, il y avait aussi un château fort à Saint-Michel dont il ne reste hélas plus que le nom sur le plan cadastral. Il dominait le village et était situé au sommet du Devès, à l’emplacement actuel de « La Madone ». Il fut entièrement détruit au XVIe siècle.

 

En 1314, Saint-Etienne devient à son tour un mandement. Elle est composée cette fois de 5 communes : Saint-Etienne, Saint-Michel, Saint-Geoirs, Plan et Quincieux.

 

En 1790, le village devient « commune » du fait du démembrement du mandement de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs.

 

En 1795, suite à la constitution de l’an III de la Révolution française, le titre de commune est perdu au profit d’une municipalité de canton.

 

Saint-Michel-de-Saint-Geoirs redevient une commune autonome lorsque les municipalités de cantons furent supprimées en 1800.

 

Sources : Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, village delphinal – A.-P. Simian, 1861. 

https://www.st-michel-de-st-geoirs.fr/histoire-de-la-commune/


 

Les différents noms de la commune

 

Au cours des siècles, la commune de Saint-Michel aura changé 5 fois de noms.

 

  • Au XIVe siècle : S.-Michaelis de fayno
    Fayno (de fagina, fayne, hêtre ; ces arbres très communs dans la région et sur les collines)* 
  • Puis S.-Michel du fayne et de fayn*
  • Au XVIIIe siècle : Saint-Michel-la-Faim*
  • 1795 : Coteau du Bon Air
    Sous la Révolution française, les noms de saints furent proscrits 
  • 1801 : Saint-Michel-de-Saint-Geoirs

 

* Bulletin de la société dauphinoise d’ethnologie & d’anthropologie – Tome 1 – N°1, 1er mai 1894. BNF, Paris.

 

(texte par l'abbé Joseph Veyron-Churlet d'après survol historique de St Etienne de St Geoirs "de la cité Delphinale au chef lieu des Ailes Dauphinoises)

 

Il y a un proverbe qui dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Dans ce cas, St Michel de St Geoirs a du être un pays heureux, car il n’a pratiquement pas d’histoire, ou du moins celle-ci nous est très peu connue. En particulier, nous ne possédons pas de livres historique, ni même de chronique sur son passé, et pourtant, la paroisse en est ancienne.
La raison, c’est que l’histoire de St Michel de St Geoirs se confond, en grande partie, avec celle de ses deux chefs-lieux consécutifs : St Geoirs et St Etienne de St Geoirs. A ce propos, je me permets de renvoyer à ma plaquette : « survol historique de St Etienne de st Geoirs ».
Le premier chef-lieu a été, comme le nom l’indique : St Geoirs, dont le castrum ou château fort, remonte au début de la féodalité (10ème siècle).
Une mention en est faite au II e siècle dans le « cartulaire de St Hugues ». Et un acte important, le partage du Comté de Salmorenc (Sermorens) par le Pape Pascal II, met ce « castrum » et son territoire sous la juridiction religieuse de l’Archevêque de Vienne.
A cette époque, St Geoirs est un mandement comprenant : le village primitif de St Etienne (la Domus Sti Stephani), St Michel, Plan, Quincieux, Sillans, et Izeaux. St Michel fait donc partie du mandement de St Geoirs : il dépend du seigneur de ce lieu, et comme lui, du baron de Bressieux, puissant féodal dont l’autorité s’étend sur plusieurs mandements et de nombreux vassaux dans la Bièvre et les Chambarands. Les seigneurs de Bressieux font partie des « quatre hauts Barons » du Dauphiné, et leur forteresse, dont subsistent deux tours, encore impressionnantes dans leurs ruines, domine la région. Au Moyen-Âge, St Michel a un château fort, pitonné sur le côté nord « le Devais » qui surplombe le village et donne sur la plaine de la Bièvre. Sur le cadastre, figure encore un lieu-dit « le château », sur son emplacement a été érigé, autour de 1950, une vierge au nom évocateur : Notre-Dame des Vents.
Là était, sans doute, le siège d’une « mestralie » - mentionnée au XIIIe siècle – c'est-à-dire d’une juridiction judiciaire, dépendant vraisemblablement du Sire de St Geoirs et du Baron de Bressieux.
Les relations avec la puissance baronnie devaient être assez étroites, puisque le château de Bressieux avait une porte appelée « Porte St Michel » laquelle ouvrait sur le chemin dit de St Michel.
La paroisse, nous l’avons signalé, est ancienne, car les lieux de culte sous le patronage de St Michel ont une origine lointaine.
A partir de 1314, un changement intervient pour tout le secteur. En effet, le Dauphin Jean II, après avoir racheté les droits du Baron de Bressieux et du Sire de St Geoirs (cf « survol historique ») crée la Ville Neuve de St Etienne de St Geoirs, et son mandement. Celui-ci comprend St Geoirs, St Michel, Plan et Quincieux.. Il fait construire le château de St Etienne avec son enceinte, et y établit, pour le représenter, un châtelain. St Michel dépend donc de lui. 
Sur le plan de l’administration interne, St Michel, comme les autres villages, a un consul désigné par les habitants. Mais les lien avec St Etienne sont étroits, le mandement formant une « communauté » sous l’autorité du châtelain du chef-lieu. 
Sur le plan religieux, St Michel est une paroisse, faisant partie de l’Archiprêtre de Bressieux, - - mais au 17e siècle, l’archiprêtre est le curé de St Etienne - et de l’Archevêché de Vienne.
Ce régime durera jusqu’à la révolution, époque où St Michel, comme les autres villages, deviendra une commune, et en tant que paroisse, sera rattaché au diocèse de Grenoble, après la suppression par le Concordat  de 1801 du siège épiscopal de Vienne.

 

Les appellations données à St Michel

Au XIVe siècle, mention de la paroisse « Sti Michaêlis de Fayno ». Un peu plus tard, c’est « St Michel de Fayn » ou « du Fayne ». Cette dernière expression semble bien être une dérivation de « fagus », latin le hêtre. Même origine que le mot « fâine » désignant le fruit du hêtre ? Les coteaux de St Michel étaient très boisés, ils le sont encore passablement, et le hêtre, appelé dans notre région « fayard », est un arbre assez répandu. Cette appellation a été transformée au XVIIe et XVIIIe siècle en « St Michel La Faim » disons plutôt déformée, car St Michel ne semble pas avoir plus souffert de la faim qu’un autre pays. Nous trouvons aussi le nom de « St Michel de la Tour ». Peut-être en raison de la tour du château féodal qui se dressait au-dessus du village sur le coteau nord. La dernière appellation donnée à st Michel fut, sous la révolution, qui voulut supprimer les noms de saints, « Coteau du Bon Air » vocable plus adapté à ce village que celui de « Marathon » dont on affubla St Etienne.

Monuments ou maisons remarquables

Sur ce plan, St Michel est pauvre, ou a pratiquement tout perdu.
Le château fort est ruiné depuis le XVI e siècle. Sans doute la tour évoquée plus haut a subsisté un certain temps. En tout cas, il ne reste actuellement aucun vestige féodal. Simplement, sur l’emplacement approximatif, a été érigée, en 1954, une statue à la Vierge, sous le vocable caractéristique de « N.D. des Vents ». C’est donc un monument récent, un
 Ex-voto sobre et sans prétention artistique, destiné à entretenir la piété mariale d’une paroisse, restée assez chrétienne.
La première église, vu le patronage de la paroisse, devait remonter à une époque lointaine. L’actuelle, construite sur l’emplacement de l’ancienne, est relativement récente (autour de 1840). Elle n’a pas d’intérêt architectural. Seule la décoration, pourtant postérieure, elle date de 1912, a un certain caractère : un plafond et une frise de style rococo. C’est une imitation, mais bien typée, due au pinceau d’un peintre italien, fidèle héritier de cette tradition picturale. Précisément, vient d’être réalisée la réfection intérieure de l’église ; la peinture a été rafraîchie, tout en respectant le style. Il n’y a pas, ou il n’y a plus de maisons fortes, ou de fermes fortifiées, comme on en trouve à St Etienne, Bressieux, Plan ou la Forteresse. On m’a bien signalé quelques maisons dites de « Roche Vieille » à l’entrée du village, un peu au dessus de la route principale venant de St Etienne, mais elles ont perdu leur cachet ancien.  

 

Traditions et Folklore

Les traditions étaient surtout d’origine et de caractère religieux. Dans toute la région, elles sont maintenant tombées en désuétude. Cependant à St Michel, certaines se sont maintenues presque jusqu’à nos jours. Ainsi la fête-Dieu, les Rogations, la bénédiction des croix des champs le dimanche à proximité du 2 mai (fête dite de l’Invention de la Ste Croix), la bénédiction des semences. D’autres ont disparu depuis un peu plus longtemps : la procession du « Vœu » (à l’occasion de la peste) au hameau des Fourcoules, la procession de St Roch en direction de Brézins. Cette dernière procession était sous le patronage de ce Saint et organisait une grande fête en son honneur. Le folklore, et c’est le fait de tout notre secteur, n’est guère vivant. A St Michel, existait encore récemment, la coutume du « Chant du mois de mai », les jeunes allaient de maison en maison, au chant d’une romance composée par un poète local et intitulée « Le Rossignol Sauvage ». Tout en chantant, ils quêtaient des œufs dont ils faisaient ensuite une grande et joyeuse omelette. C’est l’une des rares survivances de notre folklore